En discutant avec Didier, ancien dessinateur industriel dans un blablacar, nous discutons des mines dans lesquelles il a travaillé ainsi que du sol. En avril 2024, la terre se dérobe à Grury. Un trou de cinq mètres de diamètre et vingt mètres de profondeur s’est formé suite à une ancienne cavité d’une mine d’uranium. Didier me dit qu’il y en a partout en France. Un jour, la terre n’est plus, un vide se crée sous les pieds et les machines agricoles. Roulant sur la route, il me donne comme exemple le bitume dont la chaleur et la pluie travaille le matériau. Pour éviter ce problème, il faut mettre une armature en fer à l’intérieur du corps du bitume. Comme pour les ponts, cette armature peut créer une résistance dans la construction. Alors j’imagine une armature à l’intérieur des sols qui pourraient aider la terre à ne pas s’effondrer. Durant le week-end, j’aperçois sur la route un corps de ferme avec trois types de bâtiments. Un à la tôle verte opaque offrant un camaïeu de vert avec les arbres autour. Un deuxième en démolition - reconstruction abandonnée avec un échafaudage sur le côté du bâtiment et des vieilles bottes de pailles oubliées sur le devant. Enfin le troisième bâtiment avec seule, la charpente comme le squelette d’un corps qui se décompose ou se recompose. Le troisième bâtiment m’a fasciné, car par ses lignes, il dessinait l’horizon et le ciel, faisant des petites découpes et offrant des milliers de petites fenêtres par lesquelles on pourrait regarder l’apparition d’événements comme un oiseau ou un nuage qui passerait par-là. Cette vision m’a fait pensé à un texte d’Emmanuel Alloa qui parle de la capacité de l’image à être à la fois opaque et transparente. Elle recouvre le mur et dans le même temps offre des choses à voir. L’image peut être vue comme un corps avec son squelette, sa peau, ses habits. Un corps avec lequel on entretient une relation.


Cargo Collective 2017 — Frogtown, Los Angeles