Dans l’épaisseur des forêts



En attendant à la caisse d’un supermarché en Saône-et- Loire, je regarde le journal placé sur un présentoir. À l’affiche de la une, une photographie d’un loup réalisée à l’aide d’une caméra thermique. Le retour du loup fait suite aux traces recueillies
par l’Office Française de la Biodiversité et aux attaques sur les troupeaux dans le coin.

En regardant la photographie du journal, je me suis demandée ce qu’il se passe dans l’image, entre l’image et les yeux et tout ce qui entoure le loup à la fois animal et cause noble qui revient en campagne alors qu’il en avait été chassé. J’ai choisi le territoire de la Saône-et-Loire pour récolter des histoires et des indices du rapport à l’animal en général et voir ce que le loup vient poser comme question. Le deuxième territoire que j’ai choisi est celui des archives de l’Institut National de l’Audiovisuel qui regroupent les images diffusées par la télévision française s’étalant de 1963 à 2023. La figure du loup est présente au travers des publicités, des reportages, d’un docu-fiction ou des films. Lors du visionnage de ces vidéos, je prends des captures d’écran comme des prélèvements d’images pour les collecter et en voir les motifs. Ces images disponibles me permettent de capturer l’idée du loup pour tenter de saisir ce que la caméra veut bien me laisser voir.


Entre projection et fantasme les méconnaissances sur le loup participent à l’incompréhension entre nos deux espèces et s’inscrivent dans une résistance à interroger la notion de domestication des êtres et des corps et la propriété privée. Sa réintroduction dans l’environnement et l’imaginaire semble alors nécessaire.



Après avoir modifié les photographies pour leur donner de la texture, je les imprime sur différents supports (300g en 10x15cm, 30x40cm, 50x70cm) puis rajoute de l’encre phosphorescente par – dessus. Les couleurs jaune/verte font référence à la vision nocturne mais aussi à la persistence rétinienne. Pour rendre compte du phénomène lumineux, une installation immersive a dû être préparée. C’est une sorte de cabane de chasseur parée de tissus noirs occultant la lumière.


Vues de l’ouverture d’atelier à la Kabine, Arles, avril 2022 © Rosalie Parent

Vues de l’exposition Une cassette abandonnée dans un marais attire les loups en hiver, octobre 2022 © Naïma Lecomte



Ce qui relie le loup, le berger et le photographe, c’est leur capacité à observer.







Cargo Collective 2017 — Frogtown, Los Angeles